mardi 26 avril 2011

Dogon*

Les expositions du Quai Branly...
Depuis le temps que j'entends dire qu'elles sont super, et qu'il faut absolument que j'y aille,  j'ai enfin franchi le pas avec l'exposition Dogon !

Il fallait que j'en ai le cœur net : ces expositions sont-elles si fabuleuses que ça ?

Alors entrons dans l'exposition sur ce peuple d'Afrique que l'on appelle les Dogons, qui vit sur le territoire du Mali actuel, à l'ouest du Sahara, sur une terre de sécheresses.
Enfin, les Dogons... il semble qu'il y ait les pré-dogons aussi, et puis d'autres peuplades comme les Tellem...
En fait, lorsque vous arrivez dans la première très grande salle, selon le principe du Quai Branly, il faut suivre un trait au sol qui vous indique les différentes peuplades et leurs œuvres, donc on se laisse guider.

Cette salle est magnifique. L'effet de toutes ses sculptures de bois est superbes, et l'éclairage les met remarquablement bien en valeur.
Et tant mieux, car les œuvres sont superbes !
Des cavaliers aux tempes scarifiées et aux chevaux extrêmement réalistes, des personnages aux bras levés qui appelaient sans doute la pluie, des maternités, des jumeaux... toutes sont le plus souvent recouvertes d'une pâte qu'ils désignent comme "croûteuse". Et, effectivement, on le voit notamment sur les sculptures Tellem, la pâte toute craquelée masque en partie les sculptures.
Mais là, première déception.
Je ne sais pas, c'est peut-être moi qui ai mal lu les panneaux, mais la pâte croûteuse... c'est quoi ?
Non, parce que les cartels se limitent à bois + pâte croûteuse. Un peu léger.
Et quelle est la signification de cette pâte ?
Alors là, merci mes cours de l'École du Louvre : il me semblait me rappeler qu'il s'agit de pâtes rituelles, parfois constituées d'huile de palme (c'est facile à retrouver, certaines statuettes suintent littéralement), de sang d'animaux et d'excréments de chauve-souris...
Et j'en ai eu la confirmation par... le livret pour enfants !
(Ne jamais oublier de faire les jeux du livret pour enfants, on apprend parfois plus et mieux qu'en lisant les panneaux. En tout cas, celui-ci est très bien fait)
Il s'agit donc d'une pâte rituelle faite d'huile de palme, de sang d'animaux, de farine de mil et qui ont parfois été recouvertes involontairement par des excréments de chauve-souris...

Enfin, ce n'est qu'un exemple et il y en a d'autres (un pilier de cheval en forme de toguna... vous savez ce que c'est qu'une toguna, vous?), mais j'avoue qu'en dehors de l'admiration que m'inspirent les objets, j'ai été prise d'un profond malaise devant les panneaux (et en écoutant les nombreuses conférencières qui passaient à proximité) : ils expliquent la géographie, l'histoire un peu, les mythes, parfois, mais en ce qui concerne les œuvres, ils... décrivent.
Ils n'expliquent pas.
Pourquoi ne pas expliquer la pâte croûteuse ?
Mais pourquoi ne pas expliquer la société autour, sa hiérarchisation ?
Et surtout le sens de chaque statue ? 

Mon malaise est venu de l'impression qu'en fait, on ne savait vraiment pas grand-chose de ces peuples et de cet art.
Je sais que ça arrive souvent en histoire de l'art, et a fortiori en archéologie, mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tenter de le cacher par des descriptions interminables ?

Je sais que je suis sévère, mais c'est rare qu'une exposition me mette aussi mal à l'aise. Peut-être que, n'étant pas familière des arts d'Afrique, j'ignore que, sachant que l'on ne sait pas grand-chose, on essaie de meubler ailleurs...

Heureusement, la suite est beaucoup plus claire.
On entre dans l'univers des premiers explorateurs qui sont arrivés en pays Dogon, leur fascination pour les masques très impressionnants et très bien présentés.
Donc les informations sont plus présentes.

Et la suite est encore plus belle : la scénographie a recréé les appartement de ces collectionneurs, et nous parle du quand et du comment ces objets sont arrivés sur le marché de l'art.
Et on y trouve même quelques explications qui nous manquaient dans la première salle (oh, une toguna !) !

Voilà, il semble que je ne puisse pas être enthousiaste à chaque fois...
Dommage, parce que visuellement et en ce qui concerne la scénographie, c'est vraiment une exposition remarquable !

3 commentaires:

  1. Si tu t'intéresse au art premier, ma cousine est maqué avec un Australien passionné (et dans son pays il a de quoi faire !) une visite du musée du quai Branly avec lui est un bonheur... Si cela t'intéresse je peux voir avec lui lors d'un de ces prochain passages à Paname !
    Son site : http://www.nathanpotts.net/

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  2. Oh oui, ce serait une très bonne idée ça !
    J'ai regardé un peu son site, il a l'air vraiment à fond dans son sujet, ça donne envie...
    On organise ça !

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