mardi 10 mai 2011

Rembrandt et Le Lorrain au Louvre...

Claude Gellée, Dessinateur à Tivoli 
© Haarlem, Teylers Museum
et
Rembrandt, Tête du Christ, huile sur bois, 
Berlin, Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin, inv 811c © BPK, Berlin, 
Dist. RMN / Jörg P. Anders

Deux expositions très différentes l'une de l'autre viennent de s'ouvrir au Louvre... pour ne pas dire différentes à l'extrême !

Pour commencer, une remarque de râleuse : je ne comprends pas le marketing du Louvre : autant les affiches pour l'exposition Rembrandt sont sublimes et visibles partout dans le métro autant celles du Lorrain... ne sont pas à la hauteur de son art et bien cachées !

M. Dagen en parle sans doute mieux que moi, dans son article du Monde du 4 avril (déjà en archives, malheureusement). Il raconte sa déception d'avoir mis ces deux expositions l'une en face de l'autre, la difficulté d'aborder le Lorrain lorsque l'on vient de voir Rembrandt.

Je ne proposerai qu'une chose : commencer par le Lorrain.

Bon, évidement, venant d'une grande fan du Lorrain, cela ne vous surprendra pas. 
Mais je pense qu'il a raison lorsqu'il parle des émotions radicalement différentes que l'on peut ressentir face à ces deux expositions.
Le Lorrain, c'est la douceur, la contemplation, une manière de s'abîmer dans chaque détail de la nature.
Alors que Rembrandt, c'est explosif. C'est se laisser emporter par ce que l'on ressent devant la luminosité si particulière et proche de la religion de ses Christs.

Donc, un conseil : profitez d'abord du Lorrain.

M. Dagen dit qu'avec l'exposition Nature et Idéal qui se tient au Grand Palais en ce moment et qui expose déjà des tableaux de cet artiste et celle-ci, on risque de se lasser.
Je ne suis pas d'accord, mais alors pas du tout !
En fait, je pense même tout le contraire : ces deux expositions sont remarquablement complémentaires. Et je suis ravie que le Louvre et le Grand Palais exposent sur les même dates sur ces deux sujets si proches !
Au Grand Palais, c'est la grande peinture d'une époque, celle des commanditaires et des palais romains, et l'on ne voit que cet aspect de la peinture du Lorrain, qui n'est d'ailleurs pas le seul représenté à cette exposition.

Alors qu'au Louvre...
Là, ce sont les dessins, les techniques adoptées l'une après l'autre par cet artiste brillant, quelques peintures tout de même pour voir comment ces techniques ont influé sur sa peinture. Découvrir que même dans ses croquis il arrive à rendre toute la luminosité d'un paysage et ce quelle que soit l'heure du jour, c'est merveilleux !
Ce qui est remarquable, c'est de suivre toute la carrière de l'artiste, depuis les maladresses du début jusqu'à la toute fin où l'on sent que l'adresse comme la vue ont baissées, en passant bien sûr par l'apogée de sa peinture.
Ces paysages à la luminosité dense et qui transperce encore les yeux même alors qu'il ne s'agit que de peinture... et puis les différents recueils de dessins, dans la campagne romaine, ou le Liber veritatis, recueil de toutes les commandes qu'il a pu avoir pour pallier les contrefaçons...
Il y a vraiment un grand nombre de choses à découvrir !

Et après, alors que l'âme est apaisée par la douceur du Lorrain, on peut s'aventurer dans la spiritualité de Rembrandt.
La première salle sert à se re-familiariser d'abord avec ses peintures, c'est essentiel, c'est comme reprendre contact avec un vieil ami que l'on a toujours admiré, retrouver ces nuances et cette lumière, si différente de celle du Lorrain, c'est bien vrai.
En réalité, dès ce moment-là, on se laisse posséder entièrement par la lumière de Rembrandt. Celle qui semble venir non pas de la peinture, mais de derrière la peinture, comme si elle venait d'ailleurs.

Le point de départ de l'exposition est presque anecdotique : lors de l'inventaire après décès de Rembrandt, le titre de l'un des tableaux parle d'un Christ "d'après nature".
Comment représenter le Christ d'après nature ? Pourquoi Rembrandt utilisait ce terme ? 

Ça y est, le thème est lancé : comment représenter le Christ ?
Vous le découvrirez dans l'exposition. Du XVIème au XVIIIème siècle, avec au passage quelques gravures de Dürer.

Et puis on revient doucement à Rembrandt, avec quelques esquisses, des portraits... notamment des portraits de "jeune juif", qui ressemblent à s'y méprendre... au Christ.
Après tout, pourquoi pas ? Quel meilleur moyen de représenter Jésus "d'après nature" que de s'inspirer d'un jeune juif, puisque lui-même l'était ?

C'est brillant, mais le plus important, c'est cette lumière qui nous indique, au fur et à mesure que l'on avance dans les portraits, qu'il ne s'agit plus d'un simple jeune homme mais bien du fils de Dieu.
En quelques coups de pinceau, un peu plus épais et plus blanc sur les joues et le bas du front, de gros coups autour de la tête qui laissent transparaître la sous-couche orangée, comme si l'auréole était sous-entendue...

Voilà, alors si en sortant de tout cela vous n'êtes pas épuisé... je vous dis bravo ! :)

vendredi 6 mai 2011

Itinéraires.


Oui, une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'un restaurant.

J'y avais déjà mangé, j'avais été ravie, mais j'avoue que la dernière fois nous avons tous été bluffés.

C'est vraiment délicieux.
Bon, c'est de la vraie gastronomie avec les prix qui vont avec, mais si vous voulez un vrai bon restaurant haut de gamme, n'hésitez pas, il est magique !

Pensez juste à réserver avant, surtout si vous y allez un samedi, parce qu'il y a du monde !
(En plus la jeune femme qui vous répondra est charmante et arrangeante)

Pour plus de renseignements, leur site est joli et bien fait, même si je crois qu'il n'est pas encore tout à fait complet.

D'abord, quand vous arrivez, le lieu est joli. Ambiance tamisée, pierres aux murs et tentures gris taupe chiné, c'est chaleureux et accueillant.
La table est simple est joliment dressée avec une belle boite contenant un bon pain. Simple et classe.

Nous, on a tous pris le menu découverte. Trois petites entrées découvertes, un plat principal et un dessert ou fromage.

Le tout étant une surprise, il faut juste préciser s'il y a quelque chose que vous n'aimez pas ou auquel vous êtes allergique (et ne vous fiez pas aux assiettes des voisins, il nous a semblé que le menu changeait pour chaque table !). Moi par exemple, j'ai été obligée de dire que le foie gras et les huitres étaient à éviter... donc le menu à été adapté pour moi, étant donné que le foie gras était prévu !

Les entrées étaient toutes plus délicieuses les unes que les autres, avec une mention spéciale pour les oignons confits...

Mais le plat principal !
De la dinde tendre, mais tendre... et accompagnée d'une purée. Enfin, une purée... disons que ça ressemblait plus à une émulsion de pomme de terres à la crème tant c'était léger ! Un vrai délice...

En revanche, petit bémol sur le dessert : c'était bon, mais pas aussi raffiné que le reste... j'aurais plutôt tendance à conseiller le fromage, servi sur une simple planche d'ardoise. C'est joli, original, et aux échos que j'ai eu, très bon !

Enfin voilà quelques ingrédients d'un dîner d'exception bien réussi...

mercredi 4 mai 2011

L'objet photographique : une invention permanente.

 
Nadar (Félix Tournachon)
© Musée Carnavalet / Roger-Viollet

L'invention de l'objet photographique, voilà l'exposition qui manquait à la photographie, et qui vient d'ouvrir à la MEP.

Que l'on s'y connaisse ou non, on apprend quelque chose, on découvre autre chose et, dans tous les cas, on s'en met plein les yeux.
Au milieu des chemins sombres nécessaires à la conservation, parfois derrière des rideaux ou à éclairer soi-même, tirés sur métal, sur verre, sur papier ou montés, un hymne à toutes les photographies s'ouvre à vous...


Moi qui n'y connais pas grand chose, j'ai adoré découvrir. Les techniques photographiques, les négatifs, les positifs, les tirages... et ce, jusqu'au numérique. Les panneaux d'explication sont bien faits, même s'ils manquent à mon goût d'explications très poussées qui rentreraient dans la chimie des matériaux.


Savoir comment la lumière peut mordre le métal, le verre ou tout autre support grâce à des composés chimiques, collodium, argent, m'a toujours fasciné.
Voir les daguerréotypes, ces drôles de "miroirs" qui transmettent les souvenirs, c'est voir son propre reflet devant l'histoire, les bouts du passé...
Et découvrir l'ambrotype, figé et retravaillé dans les détails d'un bracelet ou d'un ciel, le négatif sur verre rouge qui donne une vraie profondeur aux noirs proche de l'émail...
Même les diapositives sont éclairées par en-dessous, délicatement mises en valeur.


Savoir comment d'un négatif on tire un positif, savoir quelles sont les différences entre les techniques de tirage...
Ceux d'henri Cartier Bresson, bien sûr, mais même les tirages de la photographie journalistique, avec le sous-entendu lancinant : art ou par art ?

Mais il faut surtout se laisser guider le long du parcours, prendre son temps et le remonter jusqu'à nous, jusqu'aux dernières techniques, jusqu'aux dernières expérimentations, les tirages limités aux techniques brevetées et secrètes, parfois même épuisées...

A mentionner, le photographe George Rousse. Juste parce que j'ai eu un vrai coup de foudre pour son oeuvre. C'est un vrai choc à la fois esthétique et intellectuel. Optique, en somme.


Mais avant tout, voici une exposition du dialogue.
Le parcours est à la fois chronologique bien sûr, pour nous guider au travers de l'évolution de la photographie, mais aussi thématique, pour éclairer les différentes techniques.
Ainsi, le dialogue se fait entre les différentes techniques, entre les originaux et les reproductions, entre les négatifs et les positifs, entre les diapositives et les tirages, entre les différents tirages même...

Mais, comme si cela ne suffisait pas, Anne Cartier-Bresson a décidé de faire dialoguer le passé et le présent. Les pionniers de la photographie et les artistes contemporains qui ont repris leurs techniques. Un dialogue riche et envoûtant, parfois choquant, mais toujours intéressant.


Bref, je crois que j'y retournerai avec un peu plus de connaissances techniques pour vraiment l'apprécier dans tous ses détails !

Qui vient avec moi ?

dimanche 1 mai 2011

L'épée. Usages, mythes et symboles.

Epée du sacre des rois de France : Joyeuse ou épée de Charlemagne,
Trésor de l'abbaye de Saint-Denis. 
Pommeau : 10e-11e. Quillons : 9-10e et 12e. Fourreau : 13e-début 14e siècle